Du rêve à la réalité! Par Benoit Lord
Avril 2016
Mon rêve
Après trois marathons, une multitude de Demi-Marathons et un entraînement de près de quatre mois à courir entre 80 et 100 kilomètres par semaine enfin me voici au départ du Marathon de Boston. Mon rêve, mes olympiques à moi!
Par contre, tout ne se passe pas comme je l’avais prévu. Au 13e kilomètre une douleur apparaît au haut de la cuisse gauche. Qu’à cela ne tienne! Pas question d’abandonner mon rêve. Mais au fur et à mesure que les kilomètres défilent la douleur augmente.
Avec détermination, je me rends au bout de ce fameux 42.2 kilomètres. Je franchis la ligne d’arrivée avec les larmes aux yeux… oui en raison de la douleur intense mais SURTOUT parce que je savoure ma victoire personnelle, mon accomplissement. Je suis porté par toute cette ambiance frénétique qui règne à Boston. Enfin! L’expression du « rêve à la réalité » prenait tout son sens. Deux semaines après mon retour, la douleur persiste toujours au point d’avoir de la difficulté à marcher par moment. Je consulte un médecin sportif pour tenter de comprendre la raison de cette douleur. Étant lui-même dans le néant, il me demande d’aller passer une résonnance magnétique.
8 juin 2016
Tout s’écroule
C’est par une journée grise et pluvieuse qu’il me convoque à son bureau quelques jours plus tard. Il m’indique qu’il ne comprend pas comment j’ai réussi à terminer ce marathon, que je suis son héros. Je vois bien qu’il est mal à l’aise et qu’il ne cesse de « tourner autour du pot ». Redoutant le pire, je lui demande s’il essaie de me dire que j’ai un cancer? Sa réponse me sidère « Oui et ce n’est pas beau. Est-ce que ton testament est fait? ». Ouf!!! Un coup en plein cœur.
Dans les faits, il m’apprend que j’ai un cancer de la prostate avec des métastases aux os. La douleur ressentie au marathon était nulle autre qu’une fracture dans le haut du fémur dû à un métastase qui c’était fissuré. Mon monde s’écroule et ma tête se met à tourner à 100 miles à l’heure. Tout semble irréel. Et pourtant! Je prends conscience que ma vie vient de basculer. Instinctivement, je lui demande de ne pas me donner de pronostic mais plutôt de me dire ce que je dois faire pour affronter ce nouveau « locataire » qui est en moi.
Ma conjointe trouvant que je prends beaucoup de temps chez le médecin me contacte sur mon cellulaire en me demandant si tout va bien. Bien que je lui réponde par l’affirmative, elle n’est pas dupe. C’est à ce moment que le médecin et moi lui demandons de venir nous rejoindre à la clinique et l’informons du diagnostic. C’est le choc. Le temps s’arrête et s’accélère en même temps. Maintenant c’est à son tour de voir son monde s’écrouler. Le retour à la maison est pénible et nous demande de faire un effort surhumain.
Nos deux enfants! Quoi dire? Comment agir? On ne peut leur apprendre la mauvaise nouvelle aujourd’hui puisque demain c’est leur 10e anniversaire (jumeau et jumelle). On ne veut pas leur gâcher LEUR journée! La seule alternative est de faire semblant… mais avec la tête dans le brouillard. Cette nuit-là, ma conjointe et moi ne cessons de pleurer et de s’imaginer le pire des scénarios. C’est d’ailleurs à ce moment précis que je commence à détester les nuits.
9 juin 2016
Drôle de fête
Il y a 10 ans aujourd’hui, je devenais père pour la 4e et 5e fois. 10 ans plus tard, ma réalité est toute autre. Je lutte pour rester en vie. Au matin, je rencontre rapidement un urologue. Dès ce moment, tout s’enclenche au niveau médical: début d’hormonothérapie, prises de sang, biopsie…. J’apprends que ma PSA est 610 alors que la normalité est en-deçà de 4. Il semble qu’il n’y a pas de temps à perdre.
À partir de ce moment, le seul mot qui tourne en boucle dans ma tête est « cancer ». Dès lors, une succession de défis se pointent devant moi. Tout d’abord, apprendre cette nouvelle à mes 5 enfants (31, 27, 25 et deux de 10 ans). Pour cette annonce, ma conjointe et moi optons pour les rencontrer à tour de rôle. De cette façon, nous avons l’impression d’être plus disponible à eux et de permettre à chacun de s’exprimer plus facilement sur les émotions liées à cette nouvelle. Ce qui semble avoir été apprécié de tous. L’annonce se poursuit ensuite avec les membres de ma famille élargie. Mais à chaque fois, je vis toujours le même malaise, soit de créer des soucis aux gens et ainsi modifier le bien-être dans lequel chacun vit.
Depuis 2016
Comme autres défis, je dois ajuster ma vie et celle de ma famille aux rythmes des traitements qui se mettent en place, affronter mes peurs des piqûres et surtout demeurer positif. Tout cela, je le vis quotidiennement avec des hauts et des bas au niveau du moral. Les premiers temps, j’étais plus pessimiste et je trouvais cette épreuve difficile à vivre. Avec le temps et les traitements auxquels je répondais positivement, la crainte a diminué et le côté positif a repris graduellement sa place. Un élément qui je crois a contribué énormément à affronter quotidiennement ce nouveau défi est de me mettre en action.
L’entraînement a toujours fait partie de ma vie et je ne voulais pas que ça cesse. Marcher, jogger, faire du vélo de route et du ski alpin m’aident à me sentir vivant. Dans les faits, je vise à garder un rythme de vie le plus près de la normalité possible. Et mon corps apprécie. Honnêtement, même avec tous les traitements que j’ai reçus et que je reçois, j’ai la certitude qu’en continuant mes entraînements cela évite que les douleurs ne prennent la place.
Été 2020
Affronter cette épreuve, je le fais depuis le premier jour avec le soutien de ma conjointe, mes enfants, ma famille élargie et mes amis. Chacun d’eux ont une influence directe et primordiale sur mon moral et ma joie de vivre. Rien n’est plus important que de vivre le moment présent et de profiter de la vie. C’est mon infirmière pivot de Granby qui m’a parlé de PROCURE comme un endroit entre autre de référence concernant les hommes avec le cancer de la prostate.
Je mets beaucoup d’espoir sur la recherche face du cancer. Peut-être est-ce égoïste de ma part mais ma participation au Tour du Courage de PROCURE représente pour moi une belle occasion d’amasser des fonds et aider la science à se développer. Donc faire du sport et contribuer à cette cause qui peut m’aider à prolonger ma vie et celle d’autres hommes dans une situation similaire représentent ma source de motivation.
En terminant, je m’adresse humblement aux hommes qui vivent avec le cancer de la prostate. Je crois que de profiter de la vie à chaque jour en ne se projetant pas dans le futur est un des moyens qui aide à affronter ou même à vivre avec ce locataire qui s’est installé d attendre le prochain traitement! Soyez actif à votre façon et faites ce que vous aimez! Entourez-vous de gens positifs! Et même si cela peut paraître cliché, faites confiance à la vie! Ce n’est pas toujours facile mais la vie est belle. Écoutez-là!!!
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